sommaire
La conclusion de ce traité sur l'onanisme est très claire :
Tel est, dans ses grandes lignes, l'exposé du traitement de la masturbation. Nous n'ajouterons qu'un mot : en suivant les
préceptes que nous venons d'établir on pourra toujours, si on le veut vraiment, chez un grand nombre prévenir, et chez le reste déraciner le plus fréquent de tous les abus
génitaux.
Il est publié en 1897 chez les Editions de Frères Vigot, fondées en 1890 et toujours en activité, dont la spécialité initiale est la publication d'ouvrages pour étudiants et professionnels sur
les sujets : Médecine, Santé, Vétérinaire, Sport.
Ce texte tombé dans le domaine publique que l'on peut librement trouver maintenant sur gallica, est intéressant à plus d'un titre.
L'auteur, le Dr Pouillet, est un psychiatre ou psy quelque chose, installé à Noisy le Sec, qui symbolise la préhension par la psychiatrie en cette fin du XIXème siècle de la sexualité. Le live
est titré PSYCHOPATHIE SEXUELLE, tome II et fait suite à un tome I qui s'intéresse à l'onanisme chez la femme. Le contenu du traité de plus de 300 pages gagne par rapport aux écrits initiaux de
Tissot ou autre, un sérieux un peu plus médical, même si la masturbation est au final chargé des mêmes maux médicaux. Une bibliographie est rajoutée comme dans les articles médicaux modernes,
ainsi que des descriptions cliniques et des études de cas. Il a tout d'un traité médical actuel, s'il ne parlait pas de tant d'horreurs et de faussetés médicales.
L'exemplaire conservé appartenait à l'asile clinique de la préfecture de Paris, fondé sous Napoléon III, et correspondant maintenant à l'hopital Ste Anne à Paris, spécialisé dans la psychiatrie.
Psy quand tu nous tiens ! Et on voit que nous en sommes à la trosième édition, signe que cet écrit eut quelques retentissements.
Je passe sur les 265 premières pages, décrivant les formes et procédés, les causes fondamentales, les symptomes et signes cliniques et les facheuses conséquences, pour en arriver directement au
Chapitre VI sur le traitement. Celui-ci se décompose en traitement préventif et traitement curatif, véritable petit musée des horreurs.
Traitement préventif
Au niveau de l'hygiène d'abord qui commence très bien avec des conseils de propreté des parties sexuelles, d'activité physique.
Il faut proscrire de l'habillement les manteaux anglais, ces capes espagnoles ou allemandes cachant les membres supérieurs,
et n'autoriser que les pardessus à manches laissant voir a tous ce que font les mains. Pour la nuit, on mettra aux enfants une longue chemise fermée inférieurement et contenant le corps
comme le ferait un sac. [...] Pendant le sommeil d’une durée de 1 à 8 heures au plus - les bras seront hors des couvertures, et les mains s'habitueront à être mises sous la tête ou l'oreiller
[...] Le lever suivra immédiatement le réveil. Cette règle ne supportera aucune exception en état de santé.
Ces conseils portent aussi sur le côté social. On choisira le personnel de maison et en particulier la gouvernante de très grande moralité, pour tenir les jeunes enfants hors du vice. On
prévilègera surtout l'éducation à la maison et non dans ces collèges où la "corruption" de la pollution règne. Que du grand claissique en ce XIXème siècle.
Il faut aussi pour que l'esprit de l'enfant reste chaste, l'entourer de personnes de qualité aux gestes en aucune façon déplacés, lui interdire toute lecture tendancieuse (y compris les romans
d'amour), les sorties aux théatres, concerts ou de façon générale dans le monde et ces tentations. Bref le conseil est de garder l'enfant sous cloche pour le maintenir pur le plus longtemps
possible.
Ce bon Dr Pouillet note cependant que :
Si le sujet, devenu pubère, est doué d'un tempérament érotique contre lequel la lutte serait vaine, il n'est qu'une ressource
: le rapport coïtal. Il est préférable, de voir le sujet user modérément et naturellement de ses organes, même aux risques d'une affection curable, que de le voir s'adonner à la
masturbation.
En clair payez-lui une pute, plutôt que de le laisser se masturber. Bravo la morale ! (mais je vous rappelle que la masturbation est plus une maladie médicale à prévenir qu'un abus moral)
Le XIXème croit en la liaison entre certaine maladies (type la constipation) et le besoin de masturbation. Une hygiène de vie impécable doit chercher à prévenir cela, pour le bien de l'enfant. Et
cette partie préventive se termine par une opération chirugicale. Le Dr Pouillet promeut la circonsition comme "le seul remède préservatif (sic) de la pollution génitale dans le jeune âge et
l'adolescence". Comme un certain Dr Kellog, dont nous verrons les conséquences actuelles outre-atlantiques dans un prochain article.
Le gland étant dépourvu de prépuce; l'extrémité de la verge ne forme qu'une masse compacte moins sensible.
Traitement curatif
Au délà du sermon médical, à l'efficacité aléatoire, il est envisagé des procédés coercitifs ou punitifs en guise de traitement curatif.
La coercition s’adresse plus parliculiérement à l'enfance et à l'adolescence ; peut-étre est-elle pos'sible encore chez
quelques jeunes pubères, mais en général elle est inapplicable aux sujets qui ont dépassé l'âge de la puberté, à moins qu'ils ne veuillent s’y soumettre d'eux-mêmes. Elle comprend deux ordres dc
procédés qui ont pour but dc contraindre les uns par la force, les autres par la douleur, le manuéliste à ne plus se polluer. Le premier ordre comporte la surveillance de tous les instants, celle
qui n’abandonne jamais l'enfant ni la nuit. ni le jour et réprime de la sorte, en s'aidant au besoin d'une correction, toute velléité, toute tentative de pollution.
Ce mode de faire serait excellent, s'il était pratique ; or il ne l'est guère parce que les parents ou leurs commis n'ont
point que ce contrôle a exercer. Aussi, atin de suppléer à cette surveillance plus fatigante pour qui la pratique que pour qui la subit, a-t-on trouvé d’autres procédés tels que les entraves
matérielles et les appareils mécaniques.
A des garçonnets on se contente d'appliquer soit des liens qui empêchent les membres supérieurs d'atteindre les organes
génitaux, soit encore des gants en toile métallique qui s'opposent aux mouvements des doigts, soit, entln, une camisole lacée par derrière et dont les manches, cousues ensemble, emprisonnant les
mains et les fixent sur le devant du thorax.
A des enfants, qui se jouent de ces obstacles et qui, faute d'attouchements manuels, se polluent grâce à des frottement
des cuisses sur le pénis ou a des mouvements spéciaux du pelvis, on impose en outre des lacs pour immobiliser le tronc et l'on obtient l'écartement fémoral a l'aide de rouleaux d'étoffe, de
morceaux de liège, ou d'un instrument en bois à double enfourchure que l'on attache à la partie interne des cuisses.
Bien souvent l'on a de la sorte d'excellents résultats, si l'on se soucie [...] de prolonger une année l'emploi de ces
entraves.
Cela est complété au besoin d'un dispositif de chasteté (tel celui de Jalade Lafond)
empêchant aussi toute tentative de pollution dans la journée.
Le second ordre de procédés de coercition comprend les moyens de rigueur empruntés à la chirurgie : ce sont la
castration, l'infibulation, les scarifications, l'injection irritante, la sonde à demeure et la circonsition.
Attention là on va rentrer directement dans le musée des horreurs du XIXème siècle au nom de la médécine.
Je passe sur la castration. Ce Dr Pouillet reconnait lui-même qu'elle est moralement difficile à mettre en oeuvre par chirurgien de la fin du XIXème. (Ouf, car c'est quand même
un procédé radical pour empêcher la masturbation... ).
L'infibulation consiste à passer une anneau en métal aux travers des parties libres du prépuce ramenées en avant du gland. De ce fait l'anneau empêche toute érection et donc
toute pollution. Le Dr Pouillet note cepedant que ce n'est pas terrible pour l'hygiène du gland, et conseille, si l'on veut utiliser ce procédé, d'injecter régulièrement une solution nettoyante
sous le prépuce, ou d'enlever temporairement l'anneau pour procéder au nettoyage de la zone. Il aurait été employé pour garder chastes certains esclaves de la Rome antique.
La scarification est terrible. Le Dr Pouillet se vante d'avoir réussi à "guérir" 2 pollueurs effrénés ainsi dans sa carrière.
Nous avons par deux fois réussi à déraciner l'habitude de la pollution a l'aide des scaritications superficielles faites
sur la peau de la verge avec le bistouri. Par ce moyen on interrompt les attouchements qui exacerbent, assez pour que le manuéliste les évite, la douleur de la surface cutanée parsemée
d'incisions ; et cela aussi longtemps que la cicatrisation se fait. C'est un mode correctionnel et répressif, parce que, s’il est temporaire, il est renouvelable, et que l'idée de scarifications
nouvelles succédant aux anciennes durant un laps indéfini. frappe et terrifie l'imagination du patient. Ce n'est donc pas là un procédé sans valeur thérapeutique et il mérite pour le moins d'être
essayé lorsque l'on songe à sa simplicité qui égale son innocuité.
Et le docteur conseille de les faire à vif pour mieux frapper l'esprit de la pauvre victime.
L'injection irritante, inoncent nom, est en fait l'injection dans le canal de l'urètre d'une solution de soude dilué visant à inflammer (en clair brûler
chimiquement) la paroi interne du canal urêtral, causant une douleur pendant la cicatrisation qui dure plusieurs semaines et empêche donc le branleur de se toucher. Cela devait être horrible, car
avant même de penser à se manipuler, le pauvre garçon devait commencer par aller pisser. Et là le Docteur ajoute malicieusement qu'en cas de rechute, on peut renouveler l'opération "autant de
fois qu'il faut".
La sonde à demeure fonctionne sur le même principe mais n'utilise pas le même moyen. L'objectif est de déclencher une infection douloureuse en posant une sonde urêtrale (en gomme
élastique) jusqu'à la vessie, maintenue en place jusqu'à ce que l'infection débute. La douleur est alors censé empêcher toute manipulation frauduleuse du pénis. Et quand le pus cessait de couler,
on remettait la sonde pour relancer l'infection. Complètement fada, je trouve !
Enfin la circonsition, est là utilisée pour punir et frapper l'esprit du pollueur. Fortement recommandée à vif et sans anesthésie. Tout en menaçant le fautif de passer à la
castration totale en cas de récidive !
Finalement pour les adolescents pubères désespérés, il ne reste plus qu'un seul traitement ultime : remplacer la masturbation par des coïts normaux. En clair : lui payer une pute ! Finalement je
me demande si je n'aurais pas préféré cela...
dyonisos