Londres est un haut lieu du fétéchisme européen avec les fêtes grandioses qui vont avec. Ce que on appelle la scène fétichisme, mais le BDSM lui est à part.
Lisez-ce qui va suivre cela fait froid dans le coucougnettes !
En 1987, la police anglaise tombe par hasard sur une série de vidéos sadomasochistes prises dans le milieu SM gay au sein de donjons privés. On y voit de la CBT (cire chaude, abrasion au papier de verre, hameçons et aiguilles) et des scènes de flagellation (fessées à mains nues, orties, ceintures à pointes ou martinets) ainsi que plusieurs marquages au fer rouge. Ces activités étaient librement consenties et menées en privé, sans autre but que la recherche du plaisir sexuel. Les soumis disposaient tout d'un safeword. Il n'y eut qu'aucun traitement n'entraîna des lésions permanentes ni ne nécessita l'assistance d'un médecin. C'est ce que l'on appelle l'affaire Spanner.
Bref du BDSM certes poussé mais qui reste dans ce que nous avons l'habitude de voir/subir en France et sur le web.
Ces pratiques impliquaient au final 44 hommes dont un mineur (pas dans le sens habituel, mais mineur en terme d'homosexualité -> moins de 21 ans). Les autorités choissirent de ne poursuivre que quelques uns à titre d'exemple. Mais vous noterez que personne parmi les participants n'avait porté plainte à la police.
Résultat, les 3 organisateurs furent condamnés à des peines d'emprisonnement fermes allant de 3 à 4 ans et demi au titre de :
- pour complicité de tenue d'un lieu de débauche et tenue d'un tel lieu (Un lieu de débauche est dans la loi anglaise un lieu d'où sont absents les freins de la morale, tenu d'une manière
contraire à la loi et à l'ordre public. Il doit être dans une certaine mesure 'ouvert' , mais pas nécessairement à tout le monde)
- détention d'une photographie indécente d'enfant (le fameux mineur homo de 20 ans !).
- coups et blessures et complicité de coups et blessures, en vertu d'une loi anglaise de 1861 (!) sur les infractions contre les personnes ("Quiconque est reconnu coupable de coups et
blessures encourt une peine d'emprisonnement n'excédant pas cinq ans.").
En appel les peines furent réduites de 9 à 18 mois de prison ferme !
La condamnation fut alors interjectée devant la plus haute cour de justice du royaume unis : la Chambre des Lords. Et le pourvoi fut rejeté par 3 voix contre 2 sur la base que le consentement des personnes ne constitue pas une exception à la la vieille loi de 1861 (on croit rêver !).
Et un Lord ajouta que : " La législation pénale, certes souvent enfreinte, impose des restrictions à une pratique qui est considérée comme dangereuse et pernicieuse pour les individus et qui, si elle était tolérée et généralisée, porterait préjudice à l'ensemble de la société. La société a le droit et le devoir de se protéger contre le culte de la violence. Il est pervers de tirer du plaisir de la souffrance d'autrui. La cruauté est barbare."
C'était pour le pire. Les 2 autres Lord progressiste qui avaient voté contre ont considéré qu'il ne fallait pas considérer l'affaire sous l'angle de la législation pénale relative à la violence mais plutôt au regard des dispositions pénales concernant les relations sexuelles privées. et les les adultes pouvaient consentir à des actes commis en privé n'entraînant pas d'atteinte grave à l'intégrité physique.
Le jugement vint alors devant la Cour Européenne de Justice au titre de la violation de l'article 8 de la convention. Celui-ci déclare que :
Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance.
Mais il est tout de suite nuancé : Il ne peut y avoir ingérence d'une autorité publique dans l'exercice de ce droit que pour autant que cette ingérence est prévue par la loi et qu'elle constitue une mesure qui, dans une société démocratique, est nécessaire à la sécurité nationale, à la sûreté publique, au bien-être économique.
Et c'est là que cela devient délirant... La cour européenne de justice à statuer à l'unanimité (!) que le Royaume-Uni était dans son droit de réguler, par le jeu du droit pénal, les pratiques qui entraînent des dommages corporels, que ces actes soient commis dans un cadre sexuel ou autre, qu'il soit consenti ou non au titre des considérations de santé publique.
Donc en résumé, le BDSM n'est pas répréhensible en tant que tel, mais les blessures même temporaires ou légères qui en résulte, oui !
En tout cas tout cela fait bien froid aux coucougnettes... Même si en Angleterre un groupe de pression a été mis en place depuis plusieurs années pour faire changer la loi. Comme quoi même dans un pays si fétichiste, tout n'est pas finalement autorisé.
dyonisos